Visiter Cayenne en Guyane : que faut-il voir ?

Cayenne, préfecture de la Guyane française, se révèle comme un carrefour de cultures, d’histoire coloniale et de biodiversité amazonienne. Entre vestiges militaires, marchés animés, musées enrichissants et paysages tropicaux, la ville offre une immersion multidimensionnelle. Notre article détaille les incontournables à travers cinq axes majeurs : patrimoine historique, expérience culturelle, sanctuaires naturels, institutions muséales et aventures en plein air, complétés par des conseils pratiques pour optimiser votre séjour.
Patrimoine historique : les racines coloniales de Cayenne
Le Fort Cépérou : berceau de la ville
Érigé en 1643 sur la colline éponyme, le Fort Cépérou symbolise la fondation de Cayenne par les Français. Bien que partiellement en ruines, ses remparts offrent un panorama exceptionnel sur l’embouchure de la rivière de Cayenne et l’océan Atlantique.
Son architecture militaire du XVIIe siècle rappelle les rivalités coloniales entre Français, Hollandais et Britanniques. Une table d’orientation permet de décrypter le paysage, tandis que des visites guidées organisées par l’Office du Tourisme contextualisent son rôle dans la défense du territoire.
La Cathédrale Saint-Sauveur : joyau néogothique
Inaugurée en 1861, cette cathédrale classée Monument Historique séduit par sa façade jaune pastel et ses vitraux narrant l’évangélisation de la Guyane. À l’intérieur, le maître-autel en bois sculpté et les fresques représentant des scènes bibliques tropicales (avec palmiers et perroquets) illustrent le syncrétisme culturel. Son carillon, l’un des plus anciens de la région, rythme encore la vie des Cayennais.
La Place Léopold-Héder : épicentre colonial
Ancienne place d’Armes, cet espace pavé entouré de bâtiments coloniaux abrite la Fontaine de Montravel (1854), dédiée au gouverneur qui modernisa Cayenne. Les façades ocres et bleues des anciennes archives départementales témoignent de l’architecture administrative du XIXe siècle. Un kiosque à musique rappelle que cette place fut le théâtre de concerts et de rassemblements publics durant l’ère coloniale.
Immersion culturelle : l’âme créole et métissée
Le marché de Cayenne : symphonie des sens
Installé sur la Place du Coq depuis 1907, ce marché couvert est un incontournable. Les étals débordent de fruits exotiques (maracuja, cupuaçu), d’épices (colombo, roucou) et de poissons frais pêchés dans l’estuaire. Le samedi matin, des cuisinières hmong proposent des nems et des soupes laotiennes, héritage de leur installation dans les années 1970. À ne pas manquer : la dégustation de bouillon d’awara, fruit emblématique guyanais.
L’architecture créole : balade chromatique
Le centre-ville se pare de maisons créoles aux tons vifs – rose indien, bleu lagune, vert anis – avec des varangues (vérandas) en bois ouvragé. La rue Christophe-Colomb concentre des spécimens remarquables comme la Maison Thémire (1880), ancienne habitation bourgeoise transformée en galerie d’art. Ces résidences, jadis dotées de réserves à manioc au rez-de-chaussée, reflètent l’adaptation au climat tropical humide.
Le carnaval guyanais : explosion de créativité
De l’Épiphanie au Mercredi des Cendres, Cayenne vibre au rythme de son carnaval, classé Patrimoine Culturel Immatériel. Les groupes à pied (Touloulous) et les chars allégoriques défilent chaque dimanche sur le thème des contes créoles ou des enjeux écologiques. Le point d’orgue est le Grand Vidé du Mardi Gras, où des milliers de participants dansent jusqu’à l’épuisement au son des tambours traditionnels.
Sanctuaires naturels : entre Amazonie et littoral
Le jardin botanique : éden tropical
Créé en 1786 sous Louis XVI, ce jardin de trois hectares abrite 300 espèces végétales amazoniennes. Le sentier pédagogique serpente entre des fromagers centenaires, des palétuviers et des orchidées sauvages. Un bassin aux nénuphars géants (Victoria amazonica) et une volière à colibris complètent cette immersion. Les bancs sous les manguiers en font un lieu prisé pour la méditation ou la lecture.
Les Îles du Salut : mémoire du bagne
À 15 km au large, l’archipel comprend l’Île Royale, Saint-Joseph et l’Île du Diable. Ce dernier, rendu célèbre par le capitaine Dreyfus, conserve les cachots des bagnards. Une visite guidée révèle l’histoire pénitentiaire (1852-1953), tandis que les plages de sable blond et les sentiers côtiers invitent à la baignade ou à l’observation des dauphins. Le restaurant de l’Île Royale sert une cuisine fusion mêlant produits locaux et recettes méditerranéennes.
La plage de Montjoly : refuge des tortues luth
Cette étendue sauvage de 5 km est un site majeur de ponte des tortues luth (de juin à octobre). Des visites nocturnes encadrées par des guides certifiés permettent d’assister à la montée des femelles, pesant jusqu’à 500 kg, venues creuser leur nid. En journée, la plage offre des spots de surf idéaux, avec des vagues puissantes mais peu fréquentées.
Musées et mémoire : portraits d’une Guyane plurielle
Le Musée Alexandre-Franconie : cabinet de curiosités
Installé dans une demeure créole de 1842, ce musée déploie trois collections permanentes. La section naturaliste expose des spécimens de faune amazonienne (jaguar empaillé, anaconda naturalisé), tandis que l’aile historique retrace l’évolution de la Guyane, de l’époque amérindienne à la départementalisation. Une salle est consacrée au bagne, avec des objets fabriqués par les forçats.
La Maison-Musée Félix Éboué : hommage à un héros
Cet édifice de 1883, classé Monument Historique, fut la demeure de Félix Éboué, gouverneur guyanais résistant durant la Seconde Guerre mondiale. Les pièces reconstituées (salon colonial, bureau) côtoient des expositions sur son rôle dans la libération de la Guyane et son engagement pour l’éducation. Des lettres manuscrites et des discours radiophoniques illustrent son éloquence légendaire.
Le Musée des cultures guyanaises : mosaïque ethnique
Situé dans une ancienne maison de maître, ce musée explore les traditions des six communautés guyanaises. La collection amérindienne comprend des vanneries Wayana et des céramiques Kali’na, tandis que l’espace bushinengué (descendants d’esclaves marrons) présente des tambours ndjembé et des sculptures apotropaïques. Des ateliers de vannerie ou de percussions sont organisés pendant les vacances scolaires.
Aventures en plein air : l’appel de la forêt
Randonnée au Mont Rorota
Ce sommet de 234 m, accessible depuis Remire-Montjoly, propose un sentier de 4 km à travers la forêt tropicale. La montée, raide mais ombragée, récompensé par un panorama à 360° sur Cayenne et l’estuaire. Avec un guide, on peut identifier des plantes médicinales (Quassia amara contre le paludisme) et des traces de faune (tatous, agoutis).
Excursion en pirogue sur le Kaw-Roura
À 60 km de Cayenne, la réserve naturelle des marais de Kaw s’explore en pirogue à moteur. Les méandres du fleuve révèlent des villages amérindiens, des Hérons Cocoi et, au crépuscule, des caïmans à lunettes dont les yeux rougeoient à la lampe torche. Les lodges sur pilotis proposent des nuits en forêt, bercées par le chant des grenouilles dendrobates.
Observation ornithologique à la pointe Buzaré
Ce site littoral, équipé de jumelles fixes, est un paradis pour les amateurs d’oiseaux. Les migrateurs (barges rousses, sternes arctiques) y font halte, tandis que les résidents comme les ibis rouges et les martins-pêcheurs peuplent les mangroves adjacentes. Un sentier en bois de 2 km permet de circuler sans perturber les écosystèmes.
Conseils pratiques pour un séjour réussi
Période idéale
Privilégiez la saison sèche (juillet à décembre) pour les activités extérieures. La saison des pluies (janvier à juin), bien que plus chaude, transforme certains sentiers en bourbiers. Le carnaval culminant en février, réservez hébergement et locations de voiture plusieurs mois à l’avance.
Transport
Un réseau de bus (TAC) dessert les principaux sites, mais une voiture reste indispensable pour les excursions périphériques. Nous vous recommandons de prendre une Location une voiture à Cayenne avec Jumbo Car où d’autres agences locales proposent des 4×4 adaptés aux pistes forestières. Les taxis collectifs (« taxi-T ») reliant Cayenne à Kourou ou Saint-Laurent pour environ 20 €.
Gastronomie
Goûtez aux spécialités créoles : le boucané (viande fumée), le colombo de poulet, ou le sorbet coco. Les « boudins créoles » (sanguins épicés) se dégustent sur le marché. Pour une expérience immersive, participez à un atelier de cuisine organisé par l’Office du Tourisme, axé sur les plantes aromatiques locales (citronnelle, bois d’Inde)
Pour conclure, Cayenne, bien plus qu’une porte d’entrée vers la Guyane, constitue une destination à part entière où se superposent les strates historiques, les influences culturelles et les trésors écologiques.
Entre exploration muséale le matin, farniente sur une plage déserte l’après-midi et soirée animée autour d’un plat créole, la ville incarne la douceur de vivre amazonienne. Son patrimoine, à la fois préservé et vivant, invite à une compréhension approfondie de la complexité guyanaise, faisant de chaque visite une étape autant ludique qu’enrichissante.